La Chaire Santé a financé en 2009 une enquête d’évaluation contingente auprès de 3000 individus pour améliorer la connaissance sur les préférences des français en matière de santé, sur leurs anticipations et leurs arbitrages santé revenu. Un groupe de travail s’est constitué autour de cette enquête, dont les membres sont : Marc Fleurbaey, Stéphane Luchini, Erik Schokkaert, Anne-Laure Samson, Clémence Thébaut, et Brigitte Dormont.
Plusieurs articles sont en cours de réalisation à partir de cette enquête. Un premier article propose une façon d’introduire des pondérations relatives à l’équité distributive dans l’analyse coût-bénéfice pour l’évaluation des politiques de santé.
Ces pondérations reposent sur une mesure du bien-être individuel en termes de revenu équivalent, qui tient compte de la situation des personnes en matière de santé, ainsi que de leurs préférences sur les arbitrages entre santé et revenu. Les coefficients de pondération estimés pour la France peuvent être utilisés dans des analyses coûts-bénéfices de futures politiques de santé.
En effet, les pratiques actuelles d’évaluation en matière de politique publique de santé oscillent régulièrement entre deux écueils. L’analyse coût-bénéfice traditionnelle peut être contestée en raison de l’usage de l’étalon monétaire et de sa tendance naturelle à donner la priorité aux préférences des riches car ils ont d’importants consentements à payer. L’analyse coût efficacité qui ne met en oeuvre que des mesures de résultats en matière de santé pour un euro dépensé a l’inconvénient de ne rien dire sur les arbitrages entre dépenses de santé et autres dépenses, et les mesures de résultats qu’elle mobilise sont l’objet de controverses similaires à celles provoquées par l’analyse coût-bénéfice.
Dans ce premier article, l’équipe formée autour de Marc Fleurbaey montre qu’il existe des méthodes d’évaluation équitable qui permettent d’échapper en partie à ces difficultés. Ces méthodes présentent deux avantages importants : la possibilité d’introduire une priorité pour ceux qui sont objectivement les plus défavorisés et le respect des préférences individuelles aussi bien en matière de santé qu’en matière d’arbitrage entre santé et autres biens.
L’idée de donner une plus grande priorité aux plus défavorisés est une idée commune et qui a été particulièrement mise en avant dans les débats sur la justice sociale suscités par l’oeuvre du philosophe John Rawls.
D’autres articles exploitant l’information très riche fournie par cette enquête sont en cours de rédaction : ils s’intéresseront à la formation des anticipations jointes des individus en matière de santé et de revenu, aux anticipations en matière de longévité et à leur relations avec l’état de santé objectif, aux relations entre santé objective et évaluation de leur santé par les individus. Enfin, les données permettront de chercher à estimer le niveau optimal des dépenses de santé en France, compte tenu des préférences des citoyens, telles qu’elles sont mesurées par l’enquête.
Dans le même axe d’autres projets plus méthodologiques portent sur la correction du biais hypothétique dans les méthodes de révélation des préférences.
Chercheurs impliqués : Brigitte Dormont (PSL, Université Paris-Dauphine), Marc Fleurbaey (Princeton University), Nicolas Jacquemet (Université de Lorraine et PSE), Stéphane Luchini (CNRS, GREQAM), Anne-Laure Samson (PSL, Université Paris-Dauphine), Erik Schokkaert (CORE, Louvain la Neuve), Jason F. Shogren (Université du Wyoming) Clémence Thébaut (PSL, Université Paris-Dauphine et Haute Autorité de Santé), Carine Van de Voorde (Katholieke Universiteit Leuven) et Vérity Watson (Université d’Aberdeen)
Chef de projet
Victoria Verdy
Victoria.verdy@dauphine.fr
Bureau P163
01 44 05 46 02